Gindou 2024
40 ans de découvertes, d’échanges passionnés, d’émotions partagées, nées en 1985 sous l’impulsion du médecin du village, vite rejoint par toute une bande de bénévoles enthousiastes.
Mathieu Amalric
Dans la programmation, une rétrospective est consacrée à un invité d’honneur.
Cette année, Mathieu Amalric,
qui est souvent apparu sur les écrans du festival, accepte l’invitation avec enthousiasme. Le public partagera cette émotion tant le réalisateur et comédien saura être présent avant et après les projections d’une dizaine de courts et longs-métrages empruntés à sa filmographie : Un conte de Noël de Depleschin, Le Scaphandre et le papillon de Julian Schnabel, Quantum of Solace de Marc Forster, et en tant que réalisateur, Tournée, Serre-moi fort, et ce documentaire au long cours-3h11-où Amalric filme seul entre 2010 et 2022, un musicien newyorkais qui ne cesse d’explorer tous les univers musicaux : Zorn I, Zorn II et Zorn III. Cette séletion éclectique témoigne de la grande curiosité de Mathieu Amalric, de l’envie de se confronter à des genres différents et d’y prendre plaisir.
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Son désir de faire des films, Amalric le doit au cinéaste géorgien Otar Iosseliani qui lui propose de jouer une scène dans Les Favoris de la lune. C’est avec chaleur qu’il dépeint l’homme qui lui a fait vivre cette expérience déterminante et avec une ironie légère, ses premières tentatives de tournage. Les échanges sur les autres films seront suivis avec le même intérêt par un public bien éveillé (la salle est pleine tous les matins), Amalric se montrant aussi subtil que passionné, singulier et percutant. Quels conseils donneraient-ils à un comédien débutant ? « c’est le pire des métiers…que je ne conseille pas » puis « Fais des choses dans la vraie vie » (Lui-même ne s’y est mis qu’à 30 ans) et enfin, « Vis, aime et travaille ».
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Ce dernier mot, Amalric le prononcera souvent, notamment quand les questions fuseront après la projection de Barbara: Comment représenter un personnage réel ? La réponse : en filmant les répétitions, les exercices de chants, la transformation physique de Jeanne Balibar, en Barbara, en créant, pour elle, un terrain de jeu. Le montage ? Un travail de plusieurs mois…avant que la magie n’opère. Comment a-t-il appris le métier de metteur en scène ? Sur le tas, en commençant par exercer tous les métiers sur un plateau de tournage, de régisseur à chef éclairagiste, assistant réalisateur. Grâce à cette connaissance du travail des techniciens, il a constitué une équipe qui lui fait confiance, un atout pour son propre travail de metteur en scène.
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Une autre partie essentielle et très attendue de la programmation est consacrée aux Vagabondages cinématographiques: à travers près de 40 courts et longs-métrages en avant-premières, documentaires et fictions d’ci et d’ailleurs, comme un périple au cours duquel chaque cinéaste nous rapporte « une histoire du monde, sociale et politique, intime et sensible » (S. Lasserre, chargé de programmation). Ci-dessous un aperçu :
Certains de ces films sont déjà sortis sur nos écrans All we imagine as light, Les Graines du figuier sauvage, l’une des séances nocturnes les plus mémorables, un silence total des 1000 spectateurs de toutes générations, jusqu’à l’ovation finale. Miséricorde d’Alain Guiraudie n’a pas manqué de surprendre et de malmener nos certitudes tout au long du récit, et finalement de nous faire sourire.
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Citons encore les séances à l’Arsenic (une salle de 240 places) :
Le Voyage à Gaza et L’Histoire de Souleymane qui ont donné lieu à de passionnants débats ou bien encore, un paese di resistenza, sur un village qui accueille des émigrés, l’un des 4 documentaires que nous souhaiterions proposer à Auxerre, de même que Toubib d’Antoine Page, 12 ans d’études pour le devenir, Leaving Amerika, la vie de Derrik, un noir américain qui veut émigrer à Cuba ; et Dansons tant qu’on n’est pas mort qui livre quelques réponses sur le processus d’écriture de la romancière Marie-Hélène Lafon, son travail, son « chantier » comme elle le nomme.
Enfin deux fictions l’une iranienne, l’autre chinoise, ont retenu notre attention. Elles ont en commun au moins un thème : les laissés pour compte dans une société donnée. Il s’agit de Mon gateau préféré (récompensé à Berlin), et de Black dog (à Cannes). C’est promis, nous vous en dirons plus s’ils sont programmés en 2025.
À Gindou, les jeunes générations ne sont jamais oubliées, depuis les tout-petits qui ont droit à leur séance de courts-métrages jusqu’aux films d’animation, Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau ou Slocum et moi, l’ultime œuvre de J.F. Laguionie qui ont enchanté les enfants (à partir de 8 ans) et les adultes. Collégiens, lycéens, primo-scénaristes, réalisateurs ont pu aussi présenter leurs essais.
Anniversaire oblige, la Cinémathèque de Toulouse est venue avec de séduisants cadeaux et sous les étoiles, il était possible de revoir Au feu les pompiers de Miloz Forman et The Party de Blake Edwards ou en salle, La Communion solennelle de René Ferret, et moins connu mais heureusement restauré, Golden Eighties de Chantal Akerman, des longs-métrages et 6 courts, certains documentaires, autour de l’esprit de la fête.
Ces 40 èmes rencontres ont été magnifiques : elles célébraient la passion du cinéma,
et le plaisir de la partager, sans que jamais ne soient occultées les inquiétudes que suscite l’actualité en France ou ailleurs dans le monde.
Nos meilleurs vœux à Gindou cinéma pour d’autres belles rencontres !
Brigitte Hellequin
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